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Que la mort soit un événement inéluctable et que le risque de déclarer un cancer augmente avec l’âge[1] n’impliquent pas que le cancer soit une maladie de la vieillesse qui conduise nécessairement à la mort. Et si aucune prudence, aucune manière de vivre, ne préserve à coup sûr de cette maladie, la prévention du cancer repose sur une réalité incontestable.
Il est tout à fait possible de vivre longtemps sans jamais faire de cancer ; il est possible aussi, selon le type de cancer et le stade de son évolution lors du diagnostic, d’en guérir. Le taux de survie varie du tout au tout entre une petite tumeur du sein qui n’a pas touché les ganglions lymphatiques et un cancer des poumons avec propagation métastasique.
A certains facteurs sont associés, dans un rapport supposé évident de cause à effet, certains cancers (comme le tabac et le cancer des poumons, l’alcool et la cirrhose) ; d’autres facteurs passent pour accroître le risque de faire un cancer en général (il n’y a pas, à proprement parler, un cancer de la malbouffe). A la vérité, même dans le cas où la cause semble toute trouvée, le cancer est une maladie multifactorielle. Nous ne sommes pas égaux face à cette maladie : rien que l’hérédité, le sexe et l’âge sont des facteurs qui influent sur la probabilité de déclarer un cancer – ce qu’on appelle des facteurs non évitables. Les modifications hormonales comptent aussi parmi les facteurs de risque ; à la ménopause par exemple, les femmes sont plus exposées au cancer colorectal du fait de la baisse d’œstrogènes.
La liste des facteurs évitables est dans l’ensemble plutôt connue et repose sur une prévention optimal de l’apparition d’un cancer. Il s’agit de tous les risques que par notre comportement nous prenons : le tabac, l’alcool, l’exposition excessive aux UV, l’inactivité physique, une mauvaise alimentation. Le surpoids et l’obésité, ainsi que le comportement de ceux qui en souffrent ne suffit pas toujours à expliquer, sont souvent corrélés avec l’apparition de cancer.
Une autre cause de cancer, plus ou moins évitable, n’est pas à négliger puisque 20% des cancers y seraient liés[1] : les infections virales. Le papillomavirus est responsable de la majorité des cancers du col de l’utérus chez les femmes et des cancers du pénis ou de l’anus chez les hommes ; les virus de l’hépatite B et C des cancers du foie ; le virus Epstein-Barr des cancers du nasopharynx ; le VIH, dans la lignée de toutes les maladies auto-immunes, n’est pas exactement une cause directe de cancer mais, par l’affaiblissement du système immunitaire qu’il induit, empêche la destruction des cellules cancéreuses.
D’autres facteurs ne dépendent pas de nos habitudes mais de l’environnement. La pollution de l’air (classée comme cancérogène en 2013 par le Centre international de recherche sur le cancer[2]), qui englobe les particules fines (CO2) et les produits polluants (produits d’entretien, pesticides, amiante, etc.), est néfaste pour les poumons (10% des cancers du poumon) ; l’est également le radon, un gaz radioactif issu de la désintégration de l’uranium contenu naturellement dans les sols. Quant aux ondes électromagnétiques émises par les antennes-relais des téléphones portables, les preuves manquent pour affirmer avec certitude qu’une exposition longue aggraverait les risques de cancer.
Une fois connus les facteurs de risque, la prévention du cancer coule le plus souvent de source :
• Ne pas fumer ne réduit pas que les risques de développer un cancer du poumon, du larynx, du pharynx, de la bouche, du nez ou de l’œsophage, mais aussi du pancréas, de l’estomac ou du foie.
• Boire avec modération : l’acétaldéhyde, produit par la dégradation de l’éthanol, est cancérigène et touche le larynx, le pharynx, l’œsophage et bien sûr le foie.
• Ne pas exposer longtemps sa peau aux rayons ultra-violets : indispensable à la synthèse de la vitamine D, les UV sont délétères pour la peau (vieillissement prématuré) et favorisent son cancer.
• Pratiquer une activité physique régulière : 30 minutes d’exercice ou de sport par jour permettent de diminuer le risque de cancer du sein, du côlon ou de l’endomètre. Sans compter que la dépense physique est un bon moyen de lutter contre le surpoids et l’obésité, responsables de nombreuses pathologies, dont certains cancers (de l’œsophage, de l’endomètre et du rein, pour ne citer que les plus fréquents).
La prévention contre les infections virales n’est pas aussi simple, excepté pour les virus pour lesquels existe un vaccin, le papillomavirus et l’hépatite B ; pour les autres virus, se prémunir au mieux contre les risques de contamination ; la prévention contre la pollution de l’air, les particules fines ou les pesticides dépend beaucoup de son lieu de vie.
Au-delà des conséquences néfastes d’une alimentation riche en lipides et en glucides pour la santé, l’implication des habitudes alimentaires dans la survenue des cancers est bien réelle. Certes, il n’y a pas d’aliments « anticancers » au sens propre ; autrement dit, il ne suffit pas de manger certains produits plutôt que d’autres pour se protéger du cancer. En revanche, il est désormais établi que des facteurs nutritionnels sont à prendre en compte dans le risque d’en développer un.
Une alimentation saine et diversifiée est le meilleur antidote au surpoids et à l’obésité. Les cancers du côlon et du sein sont plus fréquents chez les personnes en surcharge pondérale.
L’adoption d’une alimentation équilibrée est cruciale pour minimiser le risque de pathologies telles que certains cancers, le diabète, les maladies cardiovasculaires et les accidents vasculaires cérébraux. Des études montrent que chez les femmes, une alimentation de type méditerranéenne enrichie en huile d’olive extra vierge et en noix pourrait contribuer à une diminution du risque de cancer du sein. Le régime méditerranéen privilégie les produits d’origine végétale, notamment les fruits, les légumes, les légumineuses et les noix, favorisant ainsi une alimentation saine et préventive.
Une alimentation saine implique de consommer des aliments de saison (la culture sous serre favorise la concentration en nitrates), non transformés et sans pesticides ; une alimentation diversifiée de répondre aux besoins de l’organisme, sans excès en calories, en glucides et en lipides : voilà la première des raisons de manger des céréales, des fruits et des légumes bio.
Les aliments agissent donc soit comme un facteur de protection, soit comme un facteur de risque. Il est important de préciser ici que leur action, bonne ou mauvaise, est localisée : les fruits ne protègent pas des mêmes cancers que le café.
• Les aliments riches en fibres (pain complet, riz complet, céréales complètes, lentilles, pois chiches, haricots, fruits et légumes) diminuent le risque de cancer colorectal. Ils réduisent la sécrétion d’insuline, baisse les concentrations d’hormones et de facteurs de croissance qui participent à la prolifération cellulaire et accélère le transit intestinal (limitant l’exposition du côlon aux cancérogènes présents dans les selles).
• Les fruits et les légumes, riches en antioxydants et en flavonoïdes, agissent contre le stress oxydatif des cellules et protègent de la plupart des cancers aérodigestifs : bouche, larynx, pharynx, œsophage, poumon, estomac et côlon-rectum.
• Le café, contrairement à une idée reçue, n’est pas cancérigène et ne touche ni les reins ni le pancréas. Boire 3 tasses par jour est en revanche protecteur contre le cancer du foie et de l’endomètre.
• Les produits laitiers (lait, yaourt nature, fromages blancs, frais ou affinés) sont recommandés dans la prévention du cancer du côlon et du rectum.
• Bien que l’apport nutritionnel de la viande ne soit pas négligeable (protéines, fer, zinc, vitamine B12), en manger en excès (principalement la viande rouge et les charcuteries) accroît le risque de cancer colorectal.
• L’excès de sel est dangereux : trop de sodium peut provoquer une inflammation des muqueuses des parois de l’estomac et une prolifération de la bactérie Helicobacter pylori, responsable de 80% des cancers de l’estomac. Le nitrite de sodium, un conservateur utilisé dans les charcuteries, est particulièrement à éviter.
• L’alcool enfin est grandement cancérigène et touche de nombreux organes : outre le foie, l’acétaldéhyde endommage la bouche, le larynx, le pharynx, l’œsophage, le côlon, le rectum et le sein. Il est à l’origine de plus d’un cancer sur dix dans le monde.
[1] https://www.fondation-arc.org/facteurs-risque-cancer/infections
[2] https://www.iarc.who.int/fr/a-propos-du-circ/
[1] 90% des cancers se déclarent après 45 ans.
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