Le cours du temps est irréversible et rien hélas ne peut s’y opposer. Tout être vivant naît, vit, meurt, et dès le début, au plus profond de son être, son vieillissement est programmé. Unité biologique de base de tout organisme vivant, la cellule est évidemment la première concernée. Cependant, que les cellules de notre corps soient par la force des choses condamnées à mourir n’interdit pas d’en ralentir, par quelque moyen que ce soit, leur vieillissement prématuré. Et ces moyens existent, notamment grâce à l’alimentation. C’est en ce sens qu’on parle d’aliments antivieillissement ou anti-âge.
Le vieillissement cellulaire
Survivre n’est pas un impératif pour une cellule. Elle est génétiquement programmée à se renouveler et même, dans certaines circonstances, à mourir. Et sa mort peut être d’ailleurs bénéfique pour la santé (l’apoptose, soit le suicide des cellules défaillantes, prévient le développement de cancers). A l’exception des neurones, les cellules de notre organisme ont des durées de vie variables : les cellules de la peau se renouvellent tous les mois, celles de la rétine tous les 10 jours, celles du foie ou du poumon tous les 500 jours, celles des muscles tous les 10 ans environ. Même les cellules cardiaques, contrairement à ce qu’on a pu penser, se renouvellent aussi en continu, bien que lentement (tous les ans, entre 25 et 75 ans, 1% des cardiomyocytes se renouvellent, 0,5% ensuite). Autant dire qu’on ne meurt pas avec les cellules qui nous ont vu naître.
Le renouvellement des cellules n’empêche toutefois pas le vieillissement cellulaire. En effet, pour se renouveler, c’est-à-dire pour que le processus de la mitose se déroule normalement, encore faut-il que les cellules soient en état de le faire. Or le bon déroulé de la division cellulaire est couplé à une parfaite réplication de l’ADN, qui est au cœur de la sénescence cellulaire. D’abord, parce qu’une cellule ne se divise pas indéfiniment, elle a une limite appelée la limite de Hayflick. C’est sa façon naturelle de vieillir.
A chaque fois qu’une cellule se divise, ses chromosomes se dédoublent et se répartissent de manière égale dans les deux cellules filles. A l’extrémité des chromosomes, il y a les télomères, sorte de petits capuchons qui protègent le patrimoine génétique de la cellule et contribuent à la réplication sans erreur de l’ADN lors de la division. Or à chaque division ces télomères raccourcissent un petit peu, tant et si bien qu’au bout d’un moment la cellule arrête de se diviser et de fonctionner normalement. Les signes de la vieillesse se manifestent quand ces cellules sénescentes s’accumulent.
Par définition, une cellule est dite sénescente lorsqu’elle cesse de se répliquer. La réduction des télomères en est une des causes, mais ce n’est pas la seule. En plus de l’âge, des facteurs génétiques et environnementaux peuvent altérer certaines fonctions cellulaires, comme par exemple la capacité de réparation des chromosomes abîmés ou la synthèse des lysosomes, qui sont des organites remplis d’enzymes digestives permettant aux cellules de nettoyer les déchets causés par son vieillissement – l’autophagie. D’une façon ou d’une autre, tout ce qui endommage l’ADN est susceptible d’accélérer le vieillissement des cellules de l’organisme.
Des facteurs favorisant les erreurs de réplication de l’ADN et, par conséquent, le vieillissement cellulaire, le stress oxydatif est sans nul doute le plus connu. Peut-être parce qu’il est responsable de beaucoup de maladies (neurodégénératives, cardiovasculaires, cancers, sida, problèmes de vue, diabète de type 2, etc.) ; peut-être aussi parce qu’il existe des moyens de lutter contre. Le stress oxydatif (ou stress oxydant) correspond à un déséquilibre entre des radicaux libres en excès par rapport aux antioxydants. Ce déséquilibre est favorisé par une surproduction de radicaux libres due au tabac, à la pollution, au soleil, à l’alcool, ou bien par une carence en antioxydants fournis par l’alimentation. Ou par l’un et l’autre.
Les aliments anti-âge
On ne s’étonnera pas de retrouver dans cette liste des aliments riches en antioxydants. Tissu du corps humain le plus visible et le plus exposé aux agents extérieurs, la peau est particulièrement sensible aux affres du temps. Plusieurs aliments anti-âge permettent de maintenir son élasticité et de retarder son flétrissement et l’apparition des rides :
• Les choux : blanc, rouge ou de Bruxelles, la consommation de choux pas trop cuits (la cuisson détruit les vitamines) a une action bénéfique sur la peau. De plus, les choux contiennent de l’isothiocyanate de phénéthyle, un composé qui permet de lutter contre la croissance des cellules cancéreuses.
• L’ail. Sa forte teneur en antioxydants (bêta-carotène, vitamine E et flavonoïdes), en oligo-éléments et en minéraux (calcium, phosphore, fer et sélénium) est efficace pour contrer les effets délétères des radicaux libres. L’ail est aussi réputé pour renforcer le système immunitaire.
• Les poissons gras. Riches en oméga 3 (un acide gras polyinsaturé), en vitamine A, sélénium et cuivre, le saumon, maquereau ou hareng sont de grands pourvoyeurs en antioxydants qui aident notamment au renouvellement des cellules de la peau.
• L’avocat active une protéine indispensable à l’élasticité et à la résistance des tissus, le collagène, qui améliore la qualité de la peau. Riches en vitamines B, C, E et K, il est un excellent antioxydant.
• Le thé. Connu pour éliminer les toxines, le thé vert hydrate efficacement la peau et protège ainsi de son vieillissement. Du fait de sa forte concentration en polyphénols, le thé a la réputation d’être la boisson la plus antioxydante, d’améliorer la qualité des os et de prévenir le risque de développer un cancer.
• Les noix, riches en oméga 3, en vitamine E, en zinc et en sélénium, ont la réputation, outre de protéger des lésions inflammatoires des cellules, d’améliorer l’élasticité de la peau.
• Les agrumes – et en plus ou moins grande quantité la plupart des fruits (abricot, banane, raisin, kiwi, fraise, mûre, pruneau, etc.) – sont riches en vitamine C, un nutriment favorisant la synthèse du collagène.
Les vertus de ces aliments anti-âge ne se réduisent pas à leurs seuls effets bénéfiques sur la peau. Les antioxydants protègent sans distinction toutes les cellules de l’organisme. La consommation de fruits, de légumes et de poissons gras permet d’éviter l’oxydation des graisses des membranes cellulaires et de protéger ainsi des troubles de la mémoire. Vous pouvez également consommer des vitamines pour la mémoire. Les anthocyanes, ces petits pigments qui colorent les fruits rouges, améliorent la plasticité cérébrale indispensable dans tout processus de mémorisation. Quant aux oméga 3, ils ont la réputation de protéger les articulations et de soulager les douleurs articulaires. Tous les aliments riches en calcium – et donc en vitamine D sans lequel le calcium ne peut être assimilé – renforcent la qualité des os et prévient l’ostéoporose.
Ce n’est pas un secret qu’une alimentation anti-âge est importante pour espérer garder la santé, pour la simple raison que la plupart des processus physico-chimiques de l’organisme sont tributaires des apports alimentaires en lipides, glucides, vitamines, oligo-éléments et minéraux. Le vieillissement accéléré des cellules dépend pour une large part du stress oxydatif et, parmi les facteurs qui l’expliquent, le faible apport en antioxydants est prépondérant.
Bien qu’il n’existe à ce jour aucun élixir de jouvence rajeunissant les cellules de notre corps, le choix des bons aliments anti-âge dans l’assiette reste encore le meilleur moyen de les protéger des agressions qu’elles subissent en permanence.